Le spectre de la collaboration dans les humanités numériques

Le domaine des humanités numériques se targue de ses pratiques en matière de collaboration. À bien des points de vue, la collaboration représente un défi pour les méthodes traditionnelles des humanités, et entraîne les chercheurs au-delà de nos zones de confort. Elle met en évidence les codes d’éthique, les politiques et autres complications relatives au partage du travail, les objectifs divers et parfois conflictuels qui motivent les gens à travailler ensemble, et les risques et avantages à travailler en groupe. Cet exposé soutient que les méthodes numériques approfondissent et élargissent la collaboration déjà intégrée dans les pratiques universitaires, même lorsque le travail est individuel. En plus de prendre en considération plusieurs initiatives, outils et institutions qui servent d’exemples de types particuliers de pratiques collaboratives, l’exposé abordera les principes qui informent la conception du Collaboratoire scientifique des écrits du Canada (http://cwrc.ca), un environnement de recherche virtuel dont le but est de combler l’écart entre la recherche individuelle et la recherche collaborative, et entre les universitaires des humanités numériques et des humanités traditionnelles. L’exposé suggérera que la collaboration ouverte en ligne pourrait clairement améliorer la recherche de plusieurs façons, diffuser plus largement la connaissance universitaire dans des domaines d’importance au point de vue social, améliorer la responsabilisation, et mobiliser de façon significative les citoyens universitaires et partenaires dans le processus de recherche. Cependant, comme nous le rappelle le glissement entre spectre et spectrum, la collaboration peut aussi être inquiétante et même mystérieuse, dans la mesure où elle déstabilise les anciens modèles d’interaction et défie les suppositions au sujet du travail universitaire.